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05/04/2011

Journalsong, n°5, Portland, Etats-Unis, 2002

Ce petit zine de 96 pages format A5 illustre ce que l'on appelle les "perzines", contraction de "personal fanzine". Il s'agit ni plus ni moins que d'un journal intime qui aurait perdu son côté secret puisque publié au grand jour. Rien de bien extraordinaire à l'heure des blogs sur tout et (surtout) n'importe quoi, mais une démarche plutôt originale il y a 10 ou 15 ans de cela. Le style littéraire de Journalsong est très US: phrases courtes, sèches, sans fioritures. Le style graphique quant à lui est un petit condensé de l'esprit DIY: la couverture est ainsi dessinée à la main (chaque exemplaire est donc unique!) au crayon de bois et de couleurs... 58 exemplaires pour ce n°5, 58 couv différentes... L'intérieur est également roots avec des textes tapés à la machine à écrire sur papier blanc, découpés et collés sur du papier à lignes puis photocopiés.
L'auteur, Steve Gevurtz, est un brin déphasé avec le monde qui l'entoure, il nous livre ses impressions, interrogations, agacements, et autres ras-le-bol au fur et à mesure de ses humeurs très changeantes, souvent moroses, de ses amours toujours déçus, de ses cuites à répétition. J'ai bien aimé la petite note sur le jeune punk à l'arrêt de bus qui lit Cometbus avec un air un peu dédaigneux, et le sentiment exaspéré de Steve : "Je ne peux pas croire qu'on lise encore Cometbus"...
Le numéro 6 a été publié par Microcosm Publishing, une sorte d'asso promouvant la culture zine sur Portland.
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16/08/2009

Cometbus, USA, 1983-1999


Je lisais récemment une chronique d’Aaron Cometbus (non, ce n’est pas son vrai nom) sur les journaux underground publiés par des lycéens de la côte ouest des USA. Le journal du lycée est une de ces institutions ultra-formatées et ultra-rigides qui codifient, outre-Atlantique, la vie scolaire : écrire dans le journal officiel c’est plus qu’être un bon élève, c’est déjà être un bon Américain. Y être rédacteur, c’est comme devenir pom-pom girl pour l’équipe de football (euh, çà vaut pour les filles seulement), c’est l'une des premières marches de l'escalier de l’ascension sociale, et çà fera la fierté de votre blonde de mère. Garant de la bonne morale, le journal du lycée n’a pas de place pour les sujets de mauvais goût, pour les critiques du système scolaire, pour le laisser-dire. "Sois sage et tais-toi" est la règle numéro un.

A côté de ces journaux adoubés par la morale WASP, vont surgir des journaux underground rassemblant les lycéens frustrés de ne pouvoir exprimer leur vision de la vie, leurs idéaux alternatifs, les sujets qui les préoccupent : la sexualité des adolescents, l’usage des drogues, ou plus simplement de pouvoir délirer sans tomber sous le joug de la censure. Aaron relevait que la motivation première de ces « zineurs » était la frustration voire la rage de ne pouvoir exprimer leur point de vue et l’incapacité des journaux officiels de traiter de sujets qui les intéressent vraiment. Dans un système qui contraint la liberté d’expression et l’individualité, cette rage s’exprime de différente manière : certains font des graffitis et des tags, d’autres détruisent de manière compulsive ce qui a trait à l’institution (chaises, portes, vitres…), en arrivant parfois à l’autodestruction via l’usage abusif de drogues. Quelques-uns expriment leur rébellion en créant un journal underground au sein du lycée. « Students Against Censorship », « Ob-zine », « Piedmont High School Anarchist » sont des titres qui traduisent bien le message que veulent faire passer ces adolescents.

Aaron Elliott, Cometbus

A propos de ce qui motive un (fan-)zineur
En 1981, dans la région de San Francisco, Aaron Elliott (ci-contre) et quelques-uns de ses camarades de classe ont matérialisé leur besoin d’extérioriser leurs frustrations sous la forme d’un zine dont le titre a changé à chaque numéro avant de se stabiliser autour de Cometbus à partir de 1983. Il est exceptionnel que ce zine ait duré plus de vingt-cinq ans et une cinquantaine de numéros. A posteriori, je trouve tout aussi étonnant de constater que The Gossip avait été créé, en 1988, dans un cadre scolaire à peu près comparable, sauf qu’on se trouvait sur la côte ouest de l’Europe, dans un lycée privé catholique. Même motif, même punition. Nous n’avions pas de modèle non plus, plutôt un anti-modèle : Bordel 666. J’avais acheté une copie de ce fanzine (4 francs en occaz) dans l’arrière boutique de chez Fuzz Disques. C’était un véritable OVNI. On a beaucoup rigolé en le lisant et je me souviens que BB s’était gaussé d’un définitif « ils se sont vraiment pas foulé les mecs, on peut faire mieux ». Le « Bordel » posé au milieu de la table, quelques tasses de cafés autour, c’est une première réunion de rédaction qui s’improvise ce samedi après-midi : quel est l’état des troupes ? Nous sommes déjà trois, Anthony, BB et moi (Bunker). Cela fait quelques semaines déjà que l’on va ensemble aux concerts organisés par OUF (Oasis de l’Univers Fun) au Majestic. On pense tout de suite à Pousse-Moussu, notre défricheur de talents qui s’ignorent, Hordax, le spécialiste des nouveaux genres metal (à l’époque on parlait encore de « hard-rock » pour en désigner tous les genres et les sous-genres) et Matoo-Wattoo, fan de rock français et surtout inégalable VRP. Le lundi suivant, c’est à la première récré qu’on réunit tout le monde et que le projet est lancé. Désormais on irait au concert avec un magnétophone non pour pirater, mais pour interviewer les groupes (on les aura préalablement piratés, mais çà fait partie du jeu). La première difficulté est de trouver un nom à ce fanzine. Réunion de crise chez Hordax. « Grolles en fer » proposé par Mattoo nous fera rigoler dix bonnes minutes sur le coup (et il traînera cela comme une vieille casserole pendant au moins cinq ans) ; avec vingt ans de recul, je crois que c’était le titre le plus pertinent, celui qui synthétisait le mieux l’esprit du milieu rock français de la fin des 80’s : les grolles en fer se sont les Doc Martens coquées que nous portions tous (sauf Hordax : le hard-rock n’avait pas encore fait sa révolution vestimentaire, c’était encore tiags et étriers), la traduction dans un français de rue une certaine métaphore de la dissolution réussie du punk rock anglais dans un rock français original (Bondage et New Rose). Sur le moment, la proposition de Mattoo nous avait paru plutôt ringarde. « L’Ancolie vulgaire » est sorti de je ne sais où, mais n’a pas résisté à une dissertation philosophique sur sa signification hautement spirituelle (du genre « ce sera, dans les fanzines, l’équivalent du clair-obscur dans l’art italien de la Renaissance ») et a été balayé d’un « ouais, bein c’est bien prise de tête ton truc ». D’autres propositions éphémères ont animé l’après-midi et, finalement, c’est « The Gossip » qui a fait l’unanimité, parce les potins seraient notre créneau et que nous étions tous fans des Toy Dolls et de leur morceau « Iddle Gossip » (d’où l’usage a priori incorrect du singulier). The Gossip était maintenant né. Le contenu était toujours vide mais nous savions déjà ce que serait la forme : un anti-Bordel 666. Bordel 666 était crade, mal photocopié, raturé de partout… punk quoi. Nous, nous voulions faire quelque chose de propre, nous étions tous d’accord là-dessus : la propreté de notre fanzine serait le gage de son sérieux. Comme quoi un projet « rebelle » conçu dans un lycée fondamentaliste n’est jamais totalement « rebelle ». Il n’y a pas mieux que Jésus-Christ pour vous blanchir le cerveau et faire de vous des agneaux subversifs mais propres sur eux.

Cometbus, c’est la vie sans internet
La chronique de Cometbus que j’évoquais en introduction recense une dizaine de journaux lycéens alternatifs parus au cours des années 80. Elle a été publiée en 1990 et fait partie des 608 pages réimprimées dans une anthologie sélective (plus de 2000 pages ont été publiées entre 1981 et 1999) du zine nord-californien. Despite Everything. A Cometbus Omnibus, a été éditée par Last Gasp en 2002. Aaron Cometbus, né en 1968, fanzine depuis l’été 1981 et illustre terriblement bien ce qui motive les fanzineurs : l’envie de partage, de raconter tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi, de sortir des sentiers battus de l’écriture quelle soit d’ordre journalistique, politique, critique, etc. Que le punk ait été l’étincelle qui a fait exploser le fanzinat n’a rien d’étonnant (facile) : l’esprit DIY (quelque chose comme « fais ce que tu veux, comme tu veux et, surtout, arrête de demander l’autorisation à ta mère ») a ouvert une brèche que les journalistes en herbe et en héro se sont pressés d’agrandir à coup de machines à écrire crachoteuses. Cometbus n’est pas un fanzine punk, c’est un zine de punks, un carnet de voyage dans le monde de la culture punk californienne : Aaron Elliott en est le noyau autour duquel gravite des amis, des rencontres fortuites au cours de voyage « à l’arrache » à travers les USA. Peu de chroniques de concerts au début, peu d’interviews, rien sur les disques, des extraits d’autres zines quand même, mais rien de vraiment prévisible : on est « sur la route » avec un punk aux cheveux bleus… L’esprit débridé de Cometbus est impossible à résumer mais la variété des rubriques parle d’elle-même : « Cereal news », et si nous allions vider le rayon de céréales de la supérette du coin et faisions un test comparatif ? un vrai challenge aux USA, voici la liste des céréales testés en 1990 : Cap’n Crunch, Teenage Mutant Ninja Turtle Cereal, Chex, Lucky, Barbie Cereal, Dinersaurs, Oatmeal, Coca Puffs, Trix, Sonny, Batman Cereal, Kix, Quisp, Morning Funnies, Maizoro Corn Flakes, Wheatabix, Nintendo Cereal System, Post Raisin Bran, Crunchberries, Alpha Bits, Breakfast Bears, Fruit Mamba Cereal, Pink Panther Cereal, Fruit Brute Cereal, Freakies Cereal, Fruity Pebbles, Cocoa Pebbles, Waffelos… on serait presque jaloux de ne pas être Américains au petit-déjeuner ; « The LA bathroom report », un multi-top chiottes local, « The Watermelon Dude Zone », une revue critique des livres pour enfants de la bibliothèque du quartier ; « The junkshops of uptown », un classement de la "volabilité" des boutiques de bric-à-brac (évaluée selon le potentiel de représailles – gars qui court vite ou pas, seul ou nombreux, regard vicieux ou pas –, et le potentiel de culpabilité – voler une petite vieille qui ouvre son magasin spécialement pour vous, çà fout une bonne dose de remords). Et puis on trouvera, au détour d'une page, quelques uns des petits joyaux qui font l'histoire du punk US : un compte-rendu graphique de la première tournée USA-Vancouver de Green Day (Aaron fait le roadie… il s’attarde sur les différences culturelles des Canadiens : pas les mêmes céréales (décidément!), ni les mêmes chewing-gums...), ou bien les reproductions de vieux zines (charnière des années 70-80). Des chroniques ciné qui deviendront des chroniques TV dès lors que le prix d’une entrée au cinéma a dépassé $5 et que l’auteur des chroniques se refuse de payer plus de $5 pour voir un film. Et puis le courrier des lecteurs, la seule rubrique régulière finalement, est une source intarissable de sourires. Cometbus, c’est la vie sans internet : tout se passe dans la rue, dans les bars, dans les caf’conc’, avec des gens, des vrais, des rencontres, des vraies. Çà vous rendrait presque nostalgique!
Graphiquement, Cometbus a imposé un style : celui du zine très largement manuscrit (parfois exclusivement), illustré de dessins cheaps, parfois de photos lo-fi. Un véritable esprit DIY que l’on retrouvera plus tard chez Rad Party, par exemple (ce n’est pas un hasard si Small Budget Productions, dirigé par Stéph de RP, a édité en 1997 un recueil traduit de Cometbus sous le titre En dépit de tout…).

06/06/2009

Scotch + Penicillin, Rennes, France, 1995-2009


Les perzines, littéralement "zines personnels", sont les ancêtres des blogs. Des journaux intimes édités à quelques exemplaires sur papier. Il en existe dans tous les domaines, mais c'est surtout dans le monde de la bande-dessinée que ce support a connu le plus fort développement, nombre de dessinateurs s'étant fait connaître auprès d'éditeurs par ce biais. Ces perzines sont alors essentiellement graphiques: des carnets de dessins, des collections de travaux, des esquisses diverses, que l'artiste finit par publier à faible tirage. Il n'y a pas forcément de cohérence interne, de suite logique... Pourtant, parmi les perzines graphiques, certains racontent "au quotidien" la vie de leur auteur. Rad Party est un inestimable témoignage sur la vie nocturne de la scène "rock" (surtout HxC) parisienne. Plus jamais malade en auto est plus centré indie pop. C'est aussi le cas de S&P, publié par Tony Papin, depuis 1995. C'est en vidant mes derniers cartons de fanzines ramenés depuis Clermont que je suis retombé sur les 17 premiers numéros de ce zine de 8 pages format A6. Le n°17 datait de décembre 2002.
S&P c'est avant tout un dessin épuré, un trait saccadé, un "gribouillage" direct. C'est un artiste qui se cherche et c'est amusant de voir l'évolution du coup de crayon d'année en année. Mais S&P c'est surtout un regard faussement naïf sur le monde de tous les jours. Tony Papin se saisit des multiples pensées - graves, fantasques, incongrues, idiotes parfois - qui nous assaillent tous à chaque instant et les immortalise dans un dessin, un strip, ou une pensée. C'est souvent désopilant.

- "Après avoir mangé du chocolat, si on se brosse les dents, on a un goût de After Eight" (S&P, n°14, 1999).
- "Est-ce que mes parents me préfèrent à Thalassa ?"(S&P, n°14, 1999)
- "Le sang qui irrigue actuellement votre cerveau était dans vos chaussures il y a peine quelques secondes" (S&P, n°16, juin 2000)

Remis dans leur contexte, ces dessins bêbêtes s'inscrivent comme la bande-son idéale de la "nouvelle chanson française" des années 90 (la "chanson bêbête" justement, comme l'avait baptisée un peu trop hâtivement Libé): Katerine et Dominique A en tête.
A ma grande surprise (et joie) , S&P existe toujours. C'est au format blog que Tony Papin (un fan de Lou Barlow ne peut être foncièrement mauvais) continue de distiller sa poésie graphique. Un dessin par jour, c'est peut-être mieux qu'un zine tous les 1, 2, 6 mois... Les fanzines papiers (19 n° au total) ont été numérisés et sont consultables intégralement ici. S&P a franchi la barrière numérique sans encombre: l'esprit du support papier est toujours là, on se sent en terrain connu. D'autres ont plus mal vécu le transfert : Rad Party version blog a, par exemple, perdu le formidable impact graphique du zine papier.
Extrait de Rad Party

Dans la même veine, Un fanzine à la taille de mes ambitions, publié par Anne Bacheley, à Nantes entre 2001 et 2005, et que j'avais interviewé dans Sniffin'Glue.

Scotch+Penicillin, c'est ici

16/02/2007

Copyright Volume!, numéro spécial "La presse musicale alternative", 2006, France

C'est un panorama - forcément incomplet - des fanzines musicaux publiés de par le monde que propose ce numéro de la revue universitaire Copyright Volume! que j'avais coordonné en 2006. Sociologie des fanzines britanniques, les fanzines au temps des deux Allemagnes, la naissance des fanzines punks au Canada, les perzines, la critique rock et le fanzinat metal, l'expérience "Peace Warriors" font partie du programme de ce numéro. Une petite piqure de rappel donc, puisque les articles sont désormais disponibles en téléchargement gratuit sur le nouveau site des éditions Mélanie Séteun. C'est le moment d'en profiter...

10/04/2004

Quality Street #6 - avril 2004

En attendant que je retrouve, peut-être, le fichier avec les textes du n°6, je vous laisse le soin de lire les aperçus images de ce numéro.