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05/04/2011

Journalsong, n°5, Portland, Etats-Unis, 2002

Ce petit zine de 96 pages format A5 illustre ce que l'on appelle les "perzines", contraction de "personal fanzine". Il s'agit ni plus ni moins que d'un journal intime qui aurait perdu son côté secret puisque publié au grand jour. Rien de bien extraordinaire à l'heure des blogs sur tout et (surtout) n'importe quoi, mais une démarche plutôt originale il y a 10 ou 15 ans de cela. Le style littéraire de Journalsong est très US: phrases courtes, sèches, sans fioritures. Le style graphique quant à lui est un petit condensé de l'esprit DIY: la couverture est ainsi dessinée à la main (chaque exemplaire est donc unique!) au crayon de bois et de couleurs... 58 exemplaires pour ce n°5, 58 couv différentes... L'intérieur est également roots avec des textes tapés à la machine à écrire sur papier blanc, découpés et collés sur du papier à lignes puis photocopiés.
L'auteur, Steve Gevurtz, est un brin déphasé avec le monde qui l'entoure, il nous livre ses impressions, interrogations, agacements, et autres ras-le-bol au fur et à mesure de ses humeurs très changeantes, souvent moroses, de ses amours toujours déçus, de ses cuites à répétition. J'ai bien aimé la petite note sur le jeune punk à l'arrêt de bus qui lit Cometbus avec un air un peu dédaigneux, et le sentiment exaspéré de Steve : "Je ne peux pas croire qu'on lise encore Cometbus"...
Le numéro 6 a été publié par Microcosm Publishing, une sorte d'asso promouvant la culture zine sur Portland.
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05/09/2009

Electric Annihilation #1, Frisco, USA, 2009

Premier numéro de ce zine qui affiche d’emblée de fortes ambitions – à l’instar de pas mal de zines US imprimés sur papier journal (Distortion, HeartAttack, Impact…) – puisque le tirage initial est de 5000 ex. et que la distribution est quasi-mondiale via le réseau des disquaires indés et des distros (voir le site d’EA). Le zine a un format plié de 22x29 cm mais se déplie et se lit en 44x29 (pour ceux qui aiment le journalisme de précision), avec poster central (imaginez le rendu d’un poster N&B sur papier journal…). Ce projet mené par Tynan Krakoff s’est fixé pour objectif de soutenir la scène expérimentale, la seule, selon lui, qui pousse la musique dans ses derniers (?) retranchements. Un avis partagé par Henry Rollins (interviewé par email) qui pense que la noise expérimentale est « la seule musique, ou quoi que vous l’appeliez, à ne pas faire de compromis. C’est la voie que le punk aurait dû suivre. La pureté de l’ensemble de la scène est attirante pour moi. De plus, il s’y trouve de vrais talents et de vraies visions. Ce pourrait être le nouveau be bop ». Euh… lui, là !
Une des qualités premières de ce zine est le ton très amateur qui colorie les interviews ; lorsque les artistes ont été rencontrés les questions sont à la fois d’une banalité affligeante (combien avez-vous fait de concerts ? quand avez-vous commencé ?- mais il faut bien apprendre le métier-) et beaucoup plus subtiles, EA ne semblant rien couper mais transcrivant l’ensemble de l’entretien (2 pleines pages pour Sun Araw, 15 questions). C’est un aspect brut de décoffrage qui est très plaisant. Par contre, la grille du questionnaire étant grosso modo la même d’un groupe à l’autre, la lecture devient parfois répétitive, mais bon… Parmi les interviews qui m’ont particulièrement intéressées, celle de John Olson, créateur du label American Tapes et membre de Wolf Eyes, Dead machines, etc. Cette interview dérive très vite en discussion sur la scène de Detroit, les concerts à domicile, la mobilité des artistes qui passent d’un projet à l’autre à l’instar des jazzmen, mais aussi sur l’absence apparente de « sang neuf ».
Je fais une digression : American Tapes tourne depuis 1991 et est devenu depuis quelques années le meilleur label de la scène expérimentale. Meilleur ne veux absolument rien dire certes, disons que c’est le genre de label qui donnent de l’espoir : on peut renoncer à tout compromis et avancer tranquillement, faire évoluer les choses tout en restant intègre. Pour contrer la société de consommation et ses artifices qui nous rendent dépendants, AT a poussé à l’extrême la notion de « collector » et autres raretés : plus de 800 références produites en 18 ans, chacune éditée d’un à deux cents exemplaires, toutes les pochettes étant réalisées à la main… autant dire impossible de tout collectionner, impossible de suivre le rythme infernal des sorties. Si çà vous amuse, allez voir ce qui se vend sur ebay
A propos d’intégrité, suit une interview avec Thurston Moore (dont il manque le début car la K7 n’a pas marché – old school failure!) qui nous raconte comment Sonic Youth s’est débarrassé de son contrat avec Geffen pour pouvoir publier ce qui bon leur semble : la stratégie a été d’honorer le contrat jusqu’au bout en produisant des disques « faciles » à gérer par les gens de Geffen… Sous-entendu, des disques qu’ils n’aimaient pas forcément mais qui leur permettraient d’être tranquilles… ma foi, c’est pas super intègre vis-à-vis de leur public… TM se laisse aussi aller à porter un regard critique de vieux noiseux sur l’évolution de la scène et le retour du format K7 « J’ai toujours pensé que le meilleur médium musical est la cassette normal bias, çà donne un son lourd ». Intéressant reportage sur la scène expérimentale de Göteborg qui est entrée en effervescence depuis deux ou trois ans, d’ailleurs il eut été pertinent de signaler à ce propos la sortir de la K7 « Ett Annat Göteborg » qui regroupe justement ces projets émergents (de la part du responsable de Release The Bats çà frôle la faute « professionnelle » !
site web du zine: www.electricannihilation.tk/

Edit du 8 mai 2011: Tynan vient d'annoncer qu'il abandonne la publication d'EA faute de contributeurs. Après avoir écrit seul ce numéro 1, il cherchait depuis deux ans des renforts capables de proposer de vrais articles de fond. Personne ne s'est manifesté en ce sens, malgré les éloges mérités suscités par ce premier opus. First and last and always...

16/08/2009

Cometbus, USA, 1983-1999


Je lisais récemment une chronique d’Aaron Cometbus (non, ce n’est pas son vrai nom) sur les journaux underground publiés par des lycéens de la côte ouest des USA. Le journal du lycée est une de ces institutions ultra-formatées et ultra-rigides qui codifient, outre-Atlantique, la vie scolaire : écrire dans le journal officiel c’est plus qu’être un bon élève, c’est déjà être un bon Américain. Y être rédacteur, c’est comme devenir pom-pom girl pour l’équipe de football (euh, çà vaut pour les filles seulement), c’est l'une des premières marches de l'escalier de l’ascension sociale, et çà fera la fierté de votre blonde de mère. Garant de la bonne morale, le journal du lycée n’a pas de place pour les sujets de mauvais goût, pour les critiques du système scolaire, pour le laisser-dire. "Sois sage et tais-toi" est la règle numéro un.

A côté de ces journaux adoubés par la morale WASP, vont surgir des journaux underground rassemblant les lycéens frustrés de ne pouvoir exprimer leur vision de la vie, leurs idéaux alternatifs, les sujets qui les préoccupent : la sexualité des adolescents, l’usage des drogues, ou plus simplement de pouvoir délirer sans tomber sous le joug de la censure. Aaron relevait que la motivation première de ces « zineurs » était la frustration voire la rage de ne pouvoir exprimer leur point de vue et l’incapacité des journaux officiels de traiter de sujets qui les intéressent vraiment. Dans un système qui contraint la liberté d’expression et l’individualité, cette rage s’exprime de différente manière : certains font des graffitis et des tags, d’autres détruisent de manière compulsive ce qui a trait à l’institution (chaises, portes, vitres…), en arrivant parfois à l’autodestruction via l’usage abusif de drogues. Quelques-uns expriment leur rébellion en créant un journal underground au sein du lycée. « Students Against Censorship », « Ob-zine », « Piedmont High School Anarchist » sont des titres qui traduisent bien le message que veulent faire passer ces adolescents.

Aaron Elliott, Cometbus

A propos de ce qui motive un (fan-)zineur
En 1981, dans la région de San Francisco, Aaron Elliott (ci-contre) et quelques-uns de ses camarades de classe ont matérialisé leur besoin d’extérioriser leurs frustrations sous la forme d’un zine dont le titre a changé à chaque numéro avant de se stabiliser autour de Cometbus à partir de 1983. Il est exceptionnel que ce zine ait duré plus de vingt-cinq ans et une cinquantaine de numéros. A posteriori, je trouve tout aussi étonnant de constater que The Gossip avait été créé, en 1988, dans un cadre scolaire à peu près comparable, sauf qu’on se trouvait sur la côte ouest de l’Europe, dans un lycée privé catholique. Même motif, même punition. Nous n’avions pas de modèle non plus, plutôt un anti-modèle : Bordel 666. J’avais acheté une copie de ce fanzine (4 francs en occaz) dans l’arrière boutique de chez Fuzz Disques. C’était un véritable OVNI. On a beaucoup rigolé en le lisant et je me souviens que BB s’était gaussé d’un définitif « ils se sont vraiment pas foulé les mecs, on peut faire mieux ». Le « Bordel » posé au milieu de la table, quelques tasses de cafés autour, c’est une première réunion de rédaction qui s’improvise ce samedi après-midi : quel est l’état des troupes ? Nous sommes déjà trois, Anthony, BB et moi (Bunker). Cela fait quelques semaines déjà que l’on va ensemble aux concerts organisés par OUF (Oasis de l’Univers Fun) au Majestic. On pense tout de suite à Pousse-Moussu, notre défricheur de talents qui s’ignorent, Hordax, le spécialiste des nouveaux genres metal (à l’époque on parlait encore de « hard-rock » pour en désigner tous les genres et les sous-genres) et Matoo-Wattoo, fan de rock français et surtout inégalable VRP. Le lundi suivant, c’est à la première récré qu’on réunit tout le monde et que le projet est lancé. Désormais on irait au concert avec un magnétophone non pour pirater, mais pour interviewer les groupes (on les aura préalablement piratés, mais çà fait partie du jeu). La première difficulté est de trouver un nom à ce fanzine. Réunion de crise chez Hordax. « Grolles en fer » proposé par Mattoo nous fera rigoler dix bonnes minutes sur le coup (et il traînera cela comme une vieille casserole pendant au moins cinq ans) ; avec vingt ans de recul, je crois que c’était le titre le plus pertinent, celui qui synthétisait le mieux l’esprit du milieu rock français de la fin des 80’s : les grolles en fer se sont les Doc Martens coquées que nous portions tous (sauf Hordax : le hard-rock n’avait pas encore fait sa révolution vestimentaire, c’était encore tiags et étriers), la traduction dans un français de rue une certaine métaphore de la dissolution réussie du punk rock anglais dans un rock français original (Bondage et New Rose). Sur le moment, la proposition de Mattoo nous avait paru plutôt ringarde. « L’Ancolie vulgaire » est sorti de je ne sais où, mais n’a pas résisté à une dissertation philosophique sur sa signification hautement spirituelle (du genre « ce sera, dans les fanzines, l’équivalent du clair-obscur dans l’art italien de la Renaissance ») et a été balayé d’un « ouais, bein c’est bien prise de tête ton truc ». D’autres propositions éphémères ont animé l’après-midi et, finalement, c’est « The Gossip » qui a fait l’unanimité, parce les potins seraient notre créneau et que nous étions tous fans des Toy Dolls et de leur morceau « Iddle Gossip » (d’où l’usage a priori incorrect du singulier). The Gossip était maintenant né. Le contenu était toujours vide mais nous savions déjà ce que serait la forme : un anti-Bordel 666. Bordel 666 était crade, mal photocopié, raturé de partout… punk quoi. Nous, nous voulions faire quelque chose de propre, nous étions tous d’accord là-dessus : la propreté de notre fanzine serait le gage de son sérieux. Comme quoi un projet « rebelle » conçu dans un lycée fondamentaliste n’est jamais totalement « rebelle ». Il n’y a pas mieux que Jésus-Christ pour vous blanchir le cerveau et faire de vous des agneaux subversifs mais propres sur eux.

Cometbus, c’est la vie sans internet
La chronique de Cometbus que j’évoquais en introduction recense une dizaine de journaux lycéens alternatifs parus au cours des années 80. Elle a été publiée en 1990 et fait partie des 608 pages réimprimées dans une anthologie sélective (plus de 2000 pages ont été publiées entre 1981 et 1999) du zine nord-californien. Despite Everything. A Cometbus Omnibus, a été éditée par Last Gasp en 2002. Aaron Cometbus, né en 1968, fanzine depuis l’été 1981 et illustre terriblement bien ce qui motive les fanzineurs : l’envie de partage, de raconter tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi, de sortir des sentiers battus de l’écriture quelle soit d’ordre journalistique, politique, critique, etc. Que le punk ait été l’étincelle qui a fait exploser le fanzinat n’a rien d’étonnant (facile) : l’esprit DIY (quelque chose comme « fais ce que tu veux, comme tu veux et, surtout, arrête de demander l’autorisation à ta mère ») a ouvert une brèche que les journalistes en herbe et en héro se sont pressés d’agrandir à coup de machines à écrire crachoteuses. Cometbus n’est pas un fanzine punk, c’est un zine de punks, un carnet de voyage dans le monde de la culture punk californienne : Aaron Elliott en est le noyau autour duquel gravite des amis, des rencontres fortuites au cours de voyage « à l’arrache » à travers les USA. Peu de chroniques de concerts au début, peu d’interviews, rien sur les disques, des extraits d’autres zines quand même, mais rien de vraiment prévisible : on est « sur la route » avec un punk aux cheveux bleus… L’esprit débridé de Cometbus est impossible à résumer mais la variété des rubriques parle d’elle-même : « Cereal news », et si nous allions vider le rayon de céréales de la supérette du coin et faisions un test comparatif ? un vrai challenge aux USA, voici la liste des céréales testés en 1990 : Cap’n Crunch, Teenage Mutant Ninja Turtle Cereal, Chex, Lucky, Barbie Cereal, Dinersaurs, Oatmeal, Coca Puffs, Trix, Sonny, Batman Cereal, Kix, Quisp, Morning Funnies, Maizoro Corn Flakes, Wheatabix, Nintendo Cereal System, Post Raisin Bran, Crunchberries, Alpha Bits, Breakfast Bears, Fruit Mamba Cereal, Pink Panther Cereal, Fruit Brute Cereal, Freakies Cereal, Fruity Pebbles, Cocoa Pebbles, Waffelos… on serait presque jaloux de ne pas être Américains au petit-déjeuner ; « The LA bathroom report », un multi-top chiottes local, « The Watermelon Dude Zone », une revue critique des livres pour enfants de la bibliothèque du quartier ; « The junkshops of uptown », un classement de la "volabilité" des boutiques de bric-à-brac (évaluée selon le potentiel de représailles – gars qui court vite ou pas, seul ou nombreux, regard vicieux ou pas –, et le potentiel de culpabilité – voler une petite vieille qui ouvre son magasin spécialement pour vous, çà fout une bonne dose de remords). Et puis on trouvera, au détour d'une page, quelques uns des petits joyaux qui font l'histoire du punk US : un compte-rendu graphique de la première tournée USA-Vancouver de Green Day (Aaron fait le roadie… il s’attarde sur les différences culturelles des Canadiens : pas les mêmes céréales (décidément!), ni les mêmes chewing-gums...), ou bien les reproductions de vieux zines (charnière des années 70-80). Des chroniques ciné qui deviendront des chroniques TV dès lors que le prix d’une entrée au cinéma a dépassé $5 et que l’auteur des chroniques se refuse de payer plus de $5 pour voir un film. Et puis le courrier des lecteurs, la seule rubrique régulière finalement, est une source intarissable de sourires. Cometbus, c’est la vie sans internet : tout se passe dans la rue, dans les bars, dans les caf’conc’, avec des gens, des vrais, des rencontres, des vraies. Çà vous rendrait presque nostalgique!
Graphiquement, Cometbus a imposé un style : celui du zine très largement manuscrit (parfois exclusivement), illustré de dessins cheaps, parfois de photos lo-fi. Un véritable esprit DIY que l’on retrouvera plus tard chez Rad Party, par exemple (ce n’est pas un hasard si Small Budget Productions, dirigé par Stéph de RP, a édité en 1997 un recueil traduit de Cometbus sous le titre En dépit de tout…).

01/01/2006

Quality Street #8 - janvier 2006


« C'était un signe des temps, trois gosses se demandant : Qu'allons nous faire ce soir? Graver nos noms dans l'histoire » (Les Nus excellemment repris par Dominic Sonic). Et pourquoi pas graver son nom dans l'histoire avec un petit h, non celle d'une Humanité universalisée, mais celle de la marge oubliée des livres d'histoire, une histoire alternative que chacun refera à sa sauce ad hoc, celle pour qui les archives officielles n'ont pas de place, celle de la rue, celle qui se raconte dans les zines, celle que l'on se raconte quand on a envie d'autre chose qu'une fin de soirée teintée d'un zeste de féminité. Entrer dans l'histoire en éditant un zine ? Et pourquoi pas ? Est-ce une illusion ou bien y aurait-il, désormais, une réelle tendance à la mise en lumière de la presse alternative ? Pas moins de trois rendez-vous consacrés aux fanzines en ce début décembre 2005 (le Vip à St Nazaire, la Lune des Pirates à Amiens, le DIY Boogie à Paris...). Les blogs auraient-ils redonner le goût de l'écriture ? Et du blog au papier, il n'y aurait finalement qu'un cable d'imprimante à électriser ? Laissons aux sociologues le soin d'analyser cette effervescence fanzinesque et aux biogéographes d'estimer l'impact sur les forêts de cette recrudescence de l'activité des photocopieuses (impact dont on conscience certains zines : Copper Press, LE zine de Chicago, ironisait dans l'appel à abonnement de son numéro 21 : « CP utilise du papier. CP sait que le papier vient des arbres. CP vit dans le Michigan. Le Michigan possède beaucoup beaucoup d'arbres. CP pense qu'il y a beaucoup d'arbres. CP utilise de l'encre aussi. CP dort bien la nuit, etc. » Alors contentons-nous de savourer ce fait : de plus en plus de gens font des zines. Au DIY Boogie, les zineurs avaient entre 12 et 52 ans. Encore un petit effort, et les zines remplaceront le Monopoly : de 7 à 77 ans. Signes probables d'une méfiance accrue vis-à-vis de la presse commerciale, contre-coup de la désinformation grandissante, chacun y va de sa prose et son regard sur le monde. Du rock et d'autres choses. Et c'est tant mieux.

Les fanzines se lisent, se regardent et s'écoutent. C'est ainsi que se présente le nouveau-né Soap, adepte de l'impression sérigraphiée. La couleur dominante de ce n°0 est le vert que l'on aurait d'emblée envie de qualifier de vert pisse (ce qui en y réfléchissant bien ne signifie rien, mais ce n° étant consacré au thème de la bière, on comprend un peu mieux l'association d'idée : vert Kro, Kro = pisse, donc Vert kro = vert pisse – oui, je suis un peu tordu, mais on se refait pas). Bref, ce Soap se regarde (BD, graff, peintures, poster), se lit (« Le spermatozoïde de bière ») et s'écoute (un CD compil 10 titres, électro hip-hop ethnique) avec grand plaisir. Le n°1 sera consacré au savon, même si, apparemment, une grande majorité de la rédaction aurait préféré un n° spécial whisky ou pastis. SOAP sera peut-être le premier fanzine à boire ? (enfin, premier de ce siècle, puisque Roger Le Chat n°4 (1993) fut livré dans une caisse en bois avec une bouteille de muscadet (et vendu uniquement dans les bars nantais...). Pas de kronik zines.
SOAP #0, octobre 2005, 20 pages 20x14 cm, 29 rue Marcel Planiol 35000 Rennes soap.asso@gmail.com
P'tain, serait-ce temps de famine au plus profond de l'Auvergne (c'est dire si c'est profond...) ? Plus de salers ou de fromages entre-deux à becqueter ? V'là que les cantalous se mettent à bouffer des disques maintetant ! Mais que fait Action contre la Faim ? Rien, évidemment, parce que les crève-la-dalle dont il est question ici sont des rockers. Le Mange-Disque ? des fous furieux qui « jouent de la guitare avec une raquette de tennis », qui ne « chantent pas sous la douche, parce qu'ils ne prennent pas de douche », « la crème du fond de la classe, les princes de la glandouille, les mozarts de la rèverie stérile, les champions du superflu ». Et en plus ils portent « des jeans troués comme le chanteur de Nirvana », c'est dire si l'on a affaire à une bande de malades. Ces gars sont des observateurs de génie du R'n'r : avec « Basse fidélité, éloge du mauvais matos », « Hate is better than rock'n'roll » ou encore le savoureux « Je hais Claude Gassian » (qui aurait aussi bien pu s'intituler « Comment je suis devenu le Poulidor de la photographie rock ? Ma vie derrière Claude Gassian »), c'est une plongée rétrospective, décalée (esprit DiscoBabel), en diagonale (du fou), dans l'univers de la sueur des décibels qui tachent. Les amateurs de choses rares se régaleront des photos de Blondie (1978-80) signées Daniel Aimé. P'tain le Cantal se révolte, et çà fait mal ! Pas de krokik zines.
Le Mange-Disque #0, novembre 2005, (tirage 100 ex), 46 pages format 45T, 3 €, 1 rue de l'égalité, 15 000 Aurillac mosnier-tele2.fr@tele2.fr

Je vous ai déjà parlé de Copper Press dans quelques QS précédents. Il s'agit de mon zine préféré. Esthétiquement, littérairement, musicalement. Bref total respect à ce carré de 96 pages de 20 cm de côté à couv quadri pelliculée mat. Associé au label 54°40 or fight !, il nous vient désormais quasi-sytématiquement avec une double compil CD des derniers tendances post-everything, folk, hXc, etc. une quarantaine de morceaux oscillant entre auto-productions et extraits des catalogues de 54°40, Sickroom, Phratry, Arena Rock, Tiberius, etc. Notre Cheval de Frise national était même convié dans le n°21. Seul truc étrange : les groupes figurant sur les samplers ne sont pas forcément au menu du zine... mais bon, on ne va pas faire la fine bouche non plus. Un conseil : achetez-les sur la distro BurnOut ou commandez-les directement auprès de CP lors des promos régulières ($3 le zine avec les CD !). Pas de krokik zines.
Copper Press, #21-24, 96 pages, 20x20cm, $5. Po Box 1601, Acme, Michigan 49610, USA.

Onzième numéro du nouveau New Wave de Pat Herr'sang. Sham 69 en couv et pour cause ! Le groupe se reforme et jouera début 2006 à Berlin. Un bon prétexte pour nous rappeler (très rapidement) le parcours de ce quatuor phare de la scène oi! John Waters est également de la partie, pour une bio toujours avisée de ce cinéaste culte du mauvais goût, des séquences scato-trash ou de la violence faussement gratuite. 12 mini kroniks zines.
New wave #11, 8 pages A3, 1,5€. Célia BP n°6, 75462 Paris cedex 10.
C'est du sale, et ça sent le garage : Spacechips en pince fort pour les Mighty Go-Go Players, mais n'aime pas du tout les Vibrafingers. On a envie de découvrir les Hulks sur scène (ils sont peints en vert). On a envie de lapider Volt qui répondant par email à une interview pourtant bourrée de questions pas trop bateaux se sont contentés de réponses lapidaires... Zineurs de tous pays, arrêtez ces pseudos itw par email, c'est tout sauf vivant et c'est chiant à lire : contre productif pour le groupe et pour le zine ! Alors, STOP ! Les kroniks disques font une demi-page : bref, il y a du contenu malgré le format de poche. L'édito me plait bien. Pas de kronik zines :(
Spacechips #1, 20 pages A5, 1€. c/o Philippe Goguely 13 rue de Metz 54000 Nancy pastaga_lova@hotmail.com
Sur la même branche, poussait déjà SDZ qui lui a un parcours un peu atypique chez les zines : d'habitude quand le zine dure il évolue (éventuellement) vers plus de qualité graphique (genre la couv devient en couleurs) et le prix de concert (bref, çà augmente). SDZ c'est l'inverse : les couvs quadri ont disparu et le prix baisse... puisque le zine est désormais gratos ;) AU programme de ce n°14 : Mighty Go-Go Players (dont on comparera avec intérêt et amusement les réponses parues dans Spacechips à des questions assez semblables (par exemple pour avoir une bio bien détaillée mais pas toujours similaire au niveau des dates) et dont on remarquera que les deux rédacteurs se sentent obligés de décoder entre parenthèses les propos de Pierre ;). Ensuite on continue à bien se marrer (mais c'est une habitude avec SDZ) avec les mêmes pseudo-perpignanais désormais répondant tantôt au nom de Two Tears tantôt de Deux Larmes (pas le même groupe : les musicos changent, et la zique aussi). Lars Finberg joue également dans 3 groupes, il vient du Perpignan américain, c'est-à-dire Seattle, bref ce n° est consacré aux hyperactifs du rock crado. Pas de kronik zines non plus... SDZ#14, 64 pages A5, gratuit, c/o Nicolas Mugnier 12 avenue du Parc 92170 Vanves sdzrecords@yahoo.com
Une vie pour rien continue de suivre (à son rythme, c'est-à-dire une fois par an) l'actu de de la scène oi ! The Last Resort en couv pour accompagner leur reformation (c'est une manie chez les quadras : la crise de la quarantaine ne se résume plus à « Chérie, je te quitte », mais « Chérie, je remonte mon groupe ». Du coup, on retrouve aussi les Bérus. Bon, les propos sont dans l'ensemble censés et instructifs. Ca me rappelle qu'en 1988, dans The Gossip, Matoo-Watoo aimait bien glisser une bonne blague du style « Skinhead, offrez leur un cerveau ». Le Skinéthon semble donc avoir eu du succès et la greffe avoir marché... un 45T 4 titres et 30 kroniks zines plus ou moins longues.
Une Vie Pour Rien, BP 30904, 44009 Nantes cedex 1, benjamos@free.fr
Brutallica #10. A la fois bon, brute et truand, ce zine bulgare annuel fête ses 10 ans et ratisse toujours tout ce qui couine dans le metal (avec un penchant particulier pour le black ou le grind). Les 2 CD sont une loghorrée de black-heavy-everything-you-can-imagine-metal. Des interviews d'Obituary, Dismember, My Dying Bride et même Mayhem en guise de plat principal et des dizaines de kroniks de démos venues de toute la planète metal.
Brutallica#10, été 2005, 60 pages A4 +2CD, 5€. Brutallica print, Grigor Parlichev Street, Block 1 appt 1, 5800 Pleven, Bulgaria. manager@brutallica.com

Lilith quitte le papier pour le format CDR. On y gagne des mp3, des extraits de vidéo live de Reborn (metal marocain) et des photos du Fury Fest 2005. Le Cd est accompagné d'un livret 8 pages un peu succinct (1 kronik livre, un zoom rapide sur la zik au maroc et quelques news) mais Fanny recherche des collaborateurs, notamment pour le montage type DVD. Amateur de hXc only. LilithX69@hotmail.com
Les enfants de John Cage, les amateurs de SYR, les fadas de James Tenney, les intellos de la partition vierge se tourneront vers Signal To Noise, le zine des musiques expérimentales et improvisées. Un zine où chaque mot compte (rien d'improvisé dans les écrits), où la précision frôle l'obsessionnel. Les itw sont souvent insérées dans des articles de fond, ce qui est plutôt appréciable (mention spéciale à l'analyse critique sur le producteur hip-hop El-P, déjà aperçu dans STN#31). Une mine de renseignements et une bonne couverture discographique. La multi-instrumentiste nipponne Yoshimi p-we (THE bOREDOMS et ooioo) en couv.
Signal To Noise#33, printemps 2004, 84 p. A4, US$ 4. POB 585, Winooski VT 05404, USA operations@signaltonoisemagazine.org ou le blog.
No Government poursuit son précieux travail d’historien de la scène rock alternative française avec au menu, cette fois, les excellents Al Kapott, Drei Oklok, Haine Brigade, OTH, ND... tout un tas de groupes que l’on se remémomera en ressortant la compil 1984 the Second par exemple. Bref, il y avait aussi une vie en-dehors de CHAOS... Mais où sont les Hot Bugs ?
No Government, 24 p A4, Adrenaline Records BP 2176 51081 Reims cedex


This zine is powered by nuclear energy, printed on bleached paper, uses glossy inks, not afraid by a soiled planet. A polluted planet feeds me!

01/05/2004

Quality Street #7 - mai 2004


Le détournement est plus qu’affaire de tradition dans le fanzinat : il est l’essence même du zine. Ce qui reste quand on a enlevé l’habillage – j’entends par habillage: l’objet du zine (le punk, le ska, le football, soi…), la teneur du discours, les qualités graphiques ou littéraires, ou leur absence totale. Dépouillez un zine de ce qui le différencie en apparence d’un autre et il vous restera le détournement. Comme un corbeau (non, pas les fans de Robert), découpez des caractères, des mots dans un journal et recomposer un texte, un titre, etc. Comme le séminal Sniffin’glue, vous voilà en train de détourner des lettres, des phrases, de leur donner un sens nouveau. Tradition à la Hara-kiri que le zine nantais Autodafez perpétuait il y a 10-15 ans et dans laquelle s’inscrit le très politiquement incorrect BurnValBurn.
Onzième opus consacré à la « Passion du Christ » selon BVB : free-party (Jay-sus premier teufeur), sexe hardcore (Marie-Madeleine dans tous ses états) et 8°6 au pays des travellers à sandales : « Alors voilà: tu sauves le monde, t’organises des teufs, tu multiplies les pains, j’en passe et des meilleures… et en échange t’as quoi ? DES CLOUS! »). Une évangile revue et corrigée qui prolonge en quelque sorte la mission œcuménique entamée dans BVB#10 par un croustillant et brillant compte-rendu de tournée des messes de Noël. Devenue chronique habituelle, la baston du mois entre skins, cette fois-ci à Ménilmontant (Paris history X). Et puis un peu de littérature avec l’auteur de polars noir Donald Goines. BVB est un zine sans adresse, dispo sur Rennes et Paris.


Bloom n°1-3, A4, xrx, gratuit.
« On a tous des souvenirs à New York, même sans jamais y être allé », une phrase choppée dans Bloom#1, un nouveau perzine, simple feuille A4 recto/verso, né en début d’année mais déjà paru 3 fois. Des dessins ultra-cheap, des textes courts mais plutôt pertinents, réflexions « en passant » sur ce que le rock peut représenter dans la vie d’une jeune Parisienne. Je ne résiste pas au plaisir (inédit, ici) de vous livrer les réponses d’Elodie à mon questionnaire sur les zines. Histoire de rappeler qu’on peut avoir 18 ans et avoir compris ce que DiY signifie (suffit-il d’être un vieux con blasé pour avoir pu penser le contraire ?).
Première fois ? Bloom est mon premier fanzine, commencé en janvier 2004. Avant, j’avais été rédactrice en chef pendant deux ans du journal de mon lycée – l’Indiscret. Et puis, en primaire, j’écrivais quelque chose comme La gazette d’Herblay (!). Un faux journal, imitation des « grands ».
Envie ? Ce n’est pas vraiment une idée neuve pour moi. J’imagine que ça date de la fameuse gazette d’Herblay. Sortir un journal, un zine : c’est voir éclore la pensée libre, enfin. Surtout, un fanzine c’est l’espace. J’adore l’esprit do it yourself, les punks. « England’s dreaming : les Sex Pistols et le punk » (Jon Savage) m’a réellement donné l’envie de faire un fanzine. Une claque. Je me suis dit : « Waouh ! Je vais faire mon fanzine ». Evidemment, pas pour le revival. Pas un truc nostalgique. J’aime écrire, voilà. J’aime aussi le rock. Un fanzine : écrire le rock. Essayer de rendre des rythmes. Alors c’est devenu une évidence.
Objectif ? Objectif : pas d’objectifs. Non pas que ce soit un projet à la dérive, inorganisé. Mais j’écris plus par envie, par coup de cœur, que par programme, par sommaire ou par objectif. Bien sûr, certains thèmes sont récurrents : le rock, l’écriture. Ce n’est pas nécessairement un projet original, il s’agit surtout de s’exprimer. De partager. J’essaie d’interviewer quelques artistes peu connus que j’apprécie, et là Internet me sert énormément.
Gratuit ? Résolument gratuit ! Parce que les mots le sont, après tout. Parce qu’un fanzine payant, ça me choque un peu. Les feuilles punks qui sortaient en 77 ne l’étaient pas. Ç’aurait été aberrant. But non lucratif, la passion est première. De toute façon, comment donner un prix à ce qu’on fait ? Le fanzine, c’est une catégorie de la presse, mais c’est aussi totalement différent. J’écris ce que je veux, je ne me sens pas obligée de plaire. Après, je comprends totalement qu’on envoie un timbre ou deux contre un fanzine. C’est même normal. On paie l’expédition, rien de plus. Mais faire payer le fanzine, c’est s’enchaîner à une formule – c’est transformer le fanzine en objet de consommation, alors qu’il représente précisément le contraire. Un prix, ça implique aussi une relation verticale vendeur-acheteur. Ça peut miner l’échange.
Webzines = mort des fanzines ? Je ne crois pas. Le net reste un espace impersonnel, un réseau où tout va vite – rien ne reste réellement. Le net et le papier : des supports différents. On ne fait pas la même chose ; le net c’est réellement sans limites, un média formidable, le monde. Le fanzine, souvent, ça reste local, confidentiel. C’est une autre approche de l’information, et des lecteurs. On connaît généralement la plupart de ses lecteurs avec un fanzine. L’échange est plus facile. Le net demeure élitiste. Limiter le fanzine au webzine (ou plutôt remplacer l’un par l’autre), c’est perdre une certaine catégorie de lecteurs. C’est privilégier les contacts abstraits, de loin. Les webzines sont très différents des fanzines, peut-être plus/mieux organisés. Le fanzine compte un nombre de rédacteurs très limité (souvent un seul d’ailleurs), sans hiérarchie ; le webzine me semble plus construit. La mort du fanzine papier ? Pas pour demain ! Internet ne remplace pas tout. Le fanzine papier, c’est la rue, les contacts directs, la ville – tout un arrière-plan urbain. Bouquins papiers contre bouquins électroniques, c’est la même question. Finalement, on devrait peut-être penser complémentarité des deux.
La spécificité du fanzine ? Le support ! Le papier, la feuille. C’est émouvant. L’objet. Je ne suis pas fétichiste, mais j’ai toujours préféré le papier aux pages net, les lettres aux mails. Le fanzine : ancré dans la réalité. Tu le sens exister. Un fanzine : un univers, forcément inédit. Un monde minuscule. Une tentative d’art, même humble, même timide.

Prière d'un soir n°8, A5, xrx, gratuit
Quatre ans d’absence et un retour peu remarqué pour cette newsletter metal vendéenne plutôt iconoclaste puisqu’il n’y a ni news, ni chroniques mais cinq itws. Les questions posées aux groupes (Unleashed, Trepalium, Disgust, Ipsum et Zuul FX) sont toujours les mêmes, ce qui rend la lecture un peu pénible, mais certaines sortent quand même du lot: « Disgust, quelle position avez-vous du christianisme (sic) ? » « Je hais les religions (toutes), toutes formes d’esclavage passif ki détruit l’aptitude à penser par soi-même… Je m’intéresse au ‘‘Left-hand path’‘… » qui, rappelons-le, est aussi une forme de religion, mais assimilée au satanisme (les Sétiens notamment)…

Bandoppler n°3, $4.5, offset couleur.
Très proche musicalement de Copper Press, Bandoppler est un zine plus "esthétisant", avec ce côté prétentieux-à-deux-balles que l'on connaît tant de ce côté-ci de l'Atlantique, rue de Rivoli. Non pas que le zine soit mauvais, loin de là, mais à force de toujours chercher l'originalité dans le traitement des sujets (l'itw de Nick Cave est du style vieux pôtes de chambrée sur le retour - ce que Sieur Cave goûte moyennement), on succombe facilement à la vanité (un conseil : réécouter l'intro du premier LP de Diabologum, et s'en convaincre). Les dessins est les strips sont par contre excellents.

A l’arrach n°1, 2004, 26 pages A4, xrx, prix libre (Price Liberation Front ?)
Ceci est un zine punk anti-spéciste, libertaire et vegan. Il s’est donné la tâche de présenter, sans aucune volonté de prosélytisme selon l’édito, le spécisme et tous ses avatars (pas mal de définitions permettent de faire une bonne mise à niveau (ainsi, on retiendra avec intérêt que les crudivégétaliens ne sont pas des gens amateurs de mots croisés et que les fructariens ne sont pas des fainéants)). Pour se convaincre de la maltraitance des animaux de ferme, une certaine Brigitte A. nous propose de « suivre la vie d’un des ‘‘pensionnaires’‘ de l’élevage : enlèvement, séquestration, engraissement, transport et abattage », ouh là, c’est du sérieux, elle pourrait peut-être proposer son concept à TF1 : La Ferme des Célébrités, avec engraissage et abattage au menu. Puisqu’on est dans le créneau star de la télé, ALF est aussi l’Animal Liberation Front. Apparemment il suffit de libérer un animal pour en faire partie (mais détacher la laisse du chien de votre voisin ne suffit pas). Précision du zine: ce nest pas parce que les Alfistes sont cagoulés qu’ils font partie de l’IRA (l'amalgame est si vite faite n). Paradoxe incroyable, ils n’hésitent pas à interviewer Kangourou zine (alors si c’est pas de l’exploitation gratuite des animaux, ça...). Et puis, comme toujours, des recettes, des liens (dont un pour pouvoir s’acheter des chaussures 100% synthétiques – mais rien sur le déodorant qui devrait aller avec), et des conseils : j’ai particulièrement apprécié « Rendre son chien et son chat végétariens ». L'été approchant, s'ils avaient une recette pour rendre les moustiques végétariens, j'apprécierai grave.

Pascal avait promis d’arrêter Kangourou après le n°18. Mais le fanzine c’est comme la cigarette (« le fanzinat peut nuire gravement à votre entourage » devrait être obligatoirement inscrit en bas de chaque couv) et voilà donc le n°20, rebaptisé Kangouroï pour l’occasion, peut-être pour rappeler qu’après la forte dose de metal du numéro précédent, il fallait revenir à l’essence même du projet kangourien : le punk et la oi!. On retrouve évidemment le franc-parler et le langage crû habituel du zine (pourquoi faire dans la douceur quand on peut faire efficace !). Punk qui tâche avec Garage Lopez, Maïté les Moules, Les Grilles Degoûts, Ze From Age Ki Pu (ceux-là s’ils avaient pas envie de répondre aux questions, ils pouvaient le dire d’emblée)…ouais ben déjà on remarquera qu’au niveau des noms de groupes l’inspiration semble faire défaut à la scène actuelle, ça a quand même moins de gueule que Komintern Sect, Reich Orgasm, Parabellum et consorts. Les Allemands The Shocks et les quasi-allemands Swattack relèvent le niveau (mention spéciale à ces derniers pour leur itw très « vivante »).

La conception de ce fanzine a nécessité l'asservissement d'une souris de type Microsoft Wheel Mouse Serial 83351-576. Celle-ci a dû être abattue après usage, mais par solidarité idéologique avec nos lecteurs vegans, elle n'a pas été mangée.

10/04/2004

Quality Street #6 - avril 2004

En attendant que je retrouve, peut-être, le fichier avec les textes du n°6, je vous laisse le soin de lire les aperçus images de ce numéro.

18/01/2004

Zine it yourself : les fanzines punks


En 1976, Sniffin'glue à Londres et Punk à New York ouvrent une brèche dans la presse musicale, jusque là réservée à des organismes à but commercial: ils inventent le média de rue, le magazine fait par monsieur-tout-le-monde (ou presque), le fanzine DIY. Contrairement aux médias commerciaux qui ont pour volonté de populariser un style musical (la popularité alimentant le marché du disque), le fanzine est seulement là pour le soutenir, et ce dans un cercle souvent restreint. Il entretient le mythe de la marge, de la différence, de la rupture alors que la presse mainstream, par essence, le détruit inexorablement.


Années 80: les débuts
Le fanzinat punk n'a jamais cessé de se développer et de se diffuser progressivement à tous les autres nouveaux courants musicaux. New Wave qui naît au début des années 80 est le premier fanzine français d'importance. Après quelques années d'interruption dans la seconde moitié des 90's, il renait début 2002 et sort désormais au rythme de 4 n° par an.Les derniers en date font d'ailleurs une large place à l'histoire de l'activisme punk (interview de Mark Perry, rubrique "Et un jour les punks et les punkettes"). Les années 80 sont ponctuées de fanzines punks ayant laissé des traces indélébiles dans le dynamisme du milieu alternatif: Le Légume Du Jour, On A Faim, No Way Out, Caladeshnikov, PQ.


Nouvelle génération
D'après le dernier recensement de la Fanzinothèque de Poitiers, il y avait 80 fanzines punks enregistrés en 2002 en France, ce qui en fait la plus large catégorie dans le paysage fanzinesque français. Le fanzinat punk est aujourd'hui éclaté entre des titres restés fidèles à la forme des modèles originels (écrit à la main, mis en page au coupe-coupe: Démostaz, Blue Soundz), d'autres misant sur la quantité d'informations recueillies à la faveur d'un travail de carabin (Kangourou Zine), sur l'engagement politique (pas forcément anarchiste: Rotten Eggs Smell Terrible!, Guérilla Urbaine, Barricata) et enfin, plus surprenant, ceux qui ont une démarche proche de la presse professionnelle (Worst).


Récupération
Cette apparente contradiction traduit moins l'évolution du mouvement punk (25 ans d'âge) que sa récupération par une nouvelle génération qui n'en retient que quelques aspects, n'en a qu'une image biaisée du fait d'un inévitable processus de dilution dans le temps des ingrédients originels de cette culture. Mais, peut-être plus qu'ailleurs, le fanzinat punk est fidèle au format A5, bien pratique pour être glissé dans la poche: Dynamite, Devline's Coming, Vendetta, Arrière-Plan en sont quelques exemples.


Le webzinat
Si le fanzinat se porte relativement bien, le webzinat n'est pas en reste non plus: par le biais des hyperliens, l'internationale punk est aussi à l'œuvre dans le cyberespace (parapet, punkinette, metalorgie, ToMyPunk,...). On est évidemment loin de la colle et des ciseaux. 
Enfin, pour les anglophiles, signalons l'excellent Punk Planet, fanzine américain alliant musique et débats de société, proposant régulièrement des réflexions particulièrement intéressantes sur l'évolution de la société américaine de puis l'arrivée de W au pouvoir et les attentats du 11-9.
Comme disaient (à peu près) les Ramones: "ouvrez un tube de colle et faites des zines!"


Publié dans Kick Ass Magazine, n°3, janvier 2004

01/11/2003

Quality Street #3 - novembre 2003


Copper press n°16, été 2003, 96 p. 21x21, $5 (+ 1CD)

Depuis quelques temps déjà, CP s’est affirmé comme un incontournable d’une certaine (white) street culture US, laissant grand place aux graphistes et photographes et proposant toujours une mise en page osée, limite prétentieuse. Dans un style plus luxueux que MaximumRnR, mais pas forcément moins pertinent. Basé sur les rives du lac Michigan, juste en face des trottoirs arpentés par Steve Albini, l’ambiance oscille toujours entre HC et post-math rock, agrémenté comme il se doit de quelques pincées de skate. Ce coup-ci, les Giddy Motors ont (enfin) droit à 2 pages, auraient mérité plus, et mieux, alors on se rattrapera en réécoutant « Make it pop » (Fat Cat rcds). Via Tania est australienne et ouvre le CD, tant mieux pour elle, tant pis pour nous (méchanceté gratuite). On s’attardera plus longuement sur Matt Hulme, illustrateur à qui l’on doit la couv (déclinable en 2 versions : Him/Her) et 16 autres pages d’itw/dessins dans un style aussi torturé que les gribouillages de Daniel Johnston ou les ignobles Beavis & Butthead (mes références en la matière sont limitées). Hulme a cette magnifique phrase conclusive : « There’s nothing like a little Lego Chewbacca », on ne peut qu’applaudir. Notez que la méga-promo de Noël c’est la quasi intégrale CP 1 au 17 (le 4 est épuisé) pour 55$ (+6 ou 7 CD 20 titres), ajoutez-y, pauvres européens, 35$ de frais de port…ça calme.

Dig it! n°29, octobre 2003, 48 p A4, 4,5 EUR
Autant l’avouer d’emblée : en général, 95% du contenu de Dig it! m’est totalement inconnu. J’ai toujours eu l’impression que ce zine et moi vivions dans deux dimensions spatio-temporelles différentes (sans savoir vraiment lequel de nous deux est en phase avec les horloges atomiques qui règlent nos montres à quartz – c’est d’ailleurs probablement à cause de Dig it que je ne porte plus de montre. CQFD). Le garage, disons-le aussi c’est pas mon truc (complexe œdipien penseront certains). Alors si je vous parle du n°29, c’est qu’en couv il y a Turbonegro et qu’évidemment, pour une fois, je me sens un peu plus à l’aise (7 pages d’itw/compte-rendu de tournée à dévorer). Un peu plus loin, Martin Savage (du zine suédois du même nom) et deux de ses groupes du moment : les excellents Sons of Cyrus (rock qui tâche) et The Locomotions. Par contre, la période « post-Beat pré-heavy et la fusion post-Sgt pepper pré-prog de la pop et du psychédélisme » eh ben j’aime moins, mais c’est sûrement parce que je suis un peu sectaire.

Toxic Flyer n°34, 2003, 64 p A4, $0
Autre enfant illégitime du grand MRnR dont il a le format et la texture, ce TF à livraison annuelle se la joue davantage punk-rock. Le programme est très très chargé mais la plupart des itws ayant été réalisées par email (une véritable plaie), les échanges manquent de consistance, les réponses étant souvent trop sibyllines (KMFDM ou Candy Ass, par exemple). Porn Rock, Nashville Pussy, The Nuns et Toilets Boys y font quelques extras à placer évidemment en-dessous de la ceinture. Pour amateurs only. 18 kroniks zines.

Heart AttaCk
n°39, août 2003, 64 p, $0.5

Même genre que le précédent mais pur HxC style. Longue itw d'Evasion Kid à lire absolument. + Death Squad, End on End, Del Cielo. 41 kroniks zines.

Ker Bloom
, n°41, avril 2003, 10 p. A6, $2
Une courte nouvelle avec pour intro « sonore » les Sugarcubes. De l’opportunité de manifester pour des sans-papiers dans l’Amérique de la Dinde au moment où les bombes pleuvent sur Bagdad. Dans la pure tradition des perzines imprimés sur des presses clandestines.

Un fanzine à la taille de mes ambitions, n°9, septembre 2003, 12 p. A6, 1 €

Perzine entièrement graphique. Ce que Dominique A ou Philippe Katerine auraient probablement produits si au lieu d’une guitare on leur avait mis un crayon feutre entre les doigts. Ecole de la page blanche, un peu naïve, le quotidien d’une jeune nantaise qui croque ses contemporains avec une distance parfois troublante.

Katalogue n°3, automne 2003, 46 p. A4, Can$5
K s’inscrit dans la longue tradition des tribunes multi-thématiques où se mêlent textes politiques, réflexions sociétales, élucubrations absconses, reflets des personnalités quasi incompatibles qui composent donc ce qu’il faut bien appeler une rédaction. Un seul mot pouvait les réunir et leur fournir une ossature pour ce n°3 : rockstar. Un terme qui va se décliner en mots, en dessin, en roman-photo, photomontages, etc. Mention spéciale au multitop chiottes photographique dont la paternité sur notre continent revient au gossipman Matoo-Watoo. Livré avec un improbable et véritable coussin léopard et un bracelet taillé dans une cravate. Pour un prochain numéro, envoyez vos lettres d’amour à Staline. Ces Canadiens-là ont l’antigel qui tourne, on en redemande.



Il n’y a plus rien n°1, octobre 2001, 40 p. 3,11 EUR ou échange.
Emo HxC au menu principal de ce zine périrennais superbement imprimé. Yage, K-Fuel (ex-Kérosène), Burn Hollywood Burn et Song of Zarathustra laissent de longues itws. Mais j’ai préféré les billets « Il était une fois la scène harcore » et, surtout, « (Je suis un con) ». Le n°2 doit sortir en janvier sous format A5 « à l’arrache ».

Trash d’encre
n°2, 76 p. A5, 4 timbres.
Du zine ultra-roots dans une veine HxC grind metal : l’itw de simon du zine Massacre (retour à l'envoyeur) aussi inutile qu’hilarante. Une Sabrina qui se prend pour Virginie Despentes (la suite - avec la cousine rousse - dans Baywatch Korps n°1, on en parlera dans QS4), 2 pages to be "Aware". Côté kroniks y a tout ce que vous voulez : d’Axel Bauer à Daemusinem en passant par Bratisla Boys et Immortal… Bref, un peu de de tout et beaucoup de n’importe quoi dont 27 kroniks zines. Et en plus c'est super mal imprimé (Lo, faut la tèje ta jet d'encre!). L’indispensable zine du mois.

Wee Wee
n°8, 46 p. A5 + This heaven gives me migraine n°1, août 2003, 46 p. A5, 2 EUR.
WW revient (après 2 ans de silence) en split-zine avec l’ex-In dust we trust qui a désormais décider de faire du one-shot et de changer de nom à chaque zine (le revival des 80’s atteint aussi les zines, tant mieux!). La mise en page en tête-bêche (ou en 69 pour les non-philatélistes) est un peu gonflante mais c’est l’exercice qui veut ça (je crois que je préfère largement les common-zine car il y a une vraie démarche commune et pas une juxtaposition d’idées parfois incompatibles) Enfin, revenons à nos toulousains : WW nous charge d’un édito qui règle pas mal de comptes avec la prolifération de zine/webzine HxC. Si on ne peut qu’adhérer aux propos de David, il faut avouer qu’on sent derrière ces animosités une sorte de conflits générationels entre ceux qui on vu évoluer un mouvement depuis ses origines (en l’occurrence le HxC) et ceux qui prennent le train en marche et, voulant être calife à la place du calife, se montrent plus royalistes que le roi (phrase aussi contradictoire que le mouvement HxC actuel pris dans sa globalité). Les 8 pages d’itw de l’asso végétarienne et végétalienne d’informations sont à ce titre assez exaspérantes. Heureusement, Pat Herr Sang accorde une longue itw sur l’histoire de New Wave.

New Wave n°6, novembre 2003, 8 p. A3, 1,5 EUR.
Quelle couv généreuse ! Divine, l'acteur fétiche de John Waters, qui inventa la crête mohican en 1974 (film "Pink Flamingos") et dont s'est inspiré Sid Vicious pour "My way". Pourquoi ? Parce que Malcolm McLaren était aux States à cette époque, puisant des idées dans l'underground US et a ensuite recyclé sur les Sex Pistols (merci Pat'). Sinon, au sommaire, le festival Punkista (good job, MP), Dada Stunt Girls (riot Hollande), Liz McGrath (punk graphiste de LA), United Dead Artists (Blanquet et graphistes associés), l'année punk 1979 (dernière partie, déjà ?), une critique de la récup' punk par Naf Naf, un article sur une soirée goth par BB Coyotte. Et la suite (promise dans le n°5) de l’itw de Mark Perry ? Les n°1 à 5 sont disponibles en pochette avec un 45T de Flaming Demonics et un pins metal de la désormais célèbre chauve-souris (idéal pour aller voir Marilyn Manson) et tout ça pour seulement 8 EUR.
Carpe Diem n°1, sept. 2003, 48 p. A4, 2 EUR.
La newsletter Les Monkeys font leur zine prend de la galoche et des euros et devient zine payant. La scène clermontoise n’est toujours pas en reste avec l’itw de Crankset et le blind test de Noise Data. Mais écumer les fest de l’année leur a permis de rassembler un tas d’itw plutôt exhaustives, même si les questions sont un peu toujours les mêmes (ils l’avouent d’ailleurs euxmêmes …) : Candiria, Unfold, Sexypop, Tantrum, Snapcase, JR Ewing, Burning Heads. Du HC punk en couleur dominante donc. Une distro se met en place dans le même temps. A suivre.


Mass movement
n°14, été 2003, 144 p. A5, 5 EUR
Un package de 3 zines sous pochette plastique : MM punk rock et ses deux suppléments Thrash Metal et HC. Le thrash prend un sacré coup de vieux (ou se la joue revival?) : itw de Nuclear Assault, Anthrax, Testament, Vio-lence. Par contre, la discussion autour du thème « le thrash a 20 ans, et après ? » avec Martjin du zine Inside Knowledge (cf. QS#1), Ian du label Ground & Blackfish Rcd et le hurleur en chef de Screamer est plus qu’intéressante. Côté HC, ça commence avec Burn Your Bridges, ensuite Avail, Stalag 13, Broken Bones que j’ai eu la flemme de lire donc no comment. Dans le MM principal, on s’attardera sur les colonnes où chacun y va de son coup
de gueule. Les ricains qui s’y collent sont bien gentils : ils s’élèvent généreusement contre les Freedom fries et toasts qui vont remplacer les French fries et toasts, nous rappellent que quelques mots de leur vocabulaire est quand même directement issus du français, mais pendant ce temps-là, ils évitent de se poser des questions sur la légitimité de l’action de leur gouvernement en Irak. Peut-être devrait-on leur rappeler que les trois-quarts de leur vocabulaire vient du vieux français, avec ce qu’il leur restera de disponible après épuration linguistique, ils n’auront plus qu’à fermer définitivement leur gueule. 14 kroniks zines. Et puis allez quand même faire un tour sur le site, la rubrique nécro est pas mal.

Les contacts:
Carpe Diem : Julien Pilaert 6, rue Fernand Raynaud 63 000 Clermont-Ferrand
Copper press : PO Box 1601, Acme, Michigan 49 610, USA
Dig it! : c/o Armadillo 32, rue Pharaon 31 000 Toulouse digitfanzine@chez.com

Heartattack PO Box 848 Goleta, CA 93116 USA heartattack@ebullition.com
Il n’y a plus rien : Mickaël Merlet 11 cheminement Goya / Apt 1105 / 31100 Toulouse mickael_merlet@hotmail.com

Katalogue : Electric Body Productions Inc. 317 Manning Ave Toronto, Ontario, M6J 2K8 Canada
Ker Bloom : Artnoose PO Box 3525 Oakland CA 94 609 USA

Mass movement 12 West street, Aberkenfig, Bridgend, CF32 9BB, UK
New Wave : Celia BP6 75 462 Paris cedex 10

Toxic Flyer c/o Billy Whitfield PO Box 39158 Baltimore, MD 21212, USA toxicflyerzine@msn.com
Trash d’encre : Laurent Santi chemin de la rabasse 84 290 Ste Cécile-les-
Vignes
Un fanzine à la taille de mes ambitions : anne.bacheley@free.fr

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