En 1976, Sniffin'glue à Londres et Punk à New York ouvrent une brèche dans la presse musicale, jusque là réservée à des organismes à but commercial: ils inventent le média de rue, le magazine fait par monsieur-tout-le-monde (ou presque), le fanzine DIY. Contrairement aux médias commerciaux qui ont pour volonté de populariser un style musical (la popularité alimentant le marché du disque), le fanzine est seulement là pour le soutenir, et ce dans un cercle souvent restreint. Il entretient le mythe de la marge, de la différence, de la rupture alors que la presse mainstream, par essence, le détruit inexorablement.
Années 80: les débuts
Le fanzinat punk n'a jamais cessé de se développer et de se diffuser progressivement à tous les autres nouveaux courants musicaux. New Wave qui naît au début des années 80 est le premier fanzine français d'importance. Après quelques années d'interruption dans la seconde moitié des 90's, il renait début 2002 et sort désormais au rythme de 4 n° par an.Les derniers en date font d'ailleurs une large place à l'histoire de l'activisme punk (interview de Mark Perry, rubrique "Et un jour les punks et les punkettes"). Les années 80 sont ponctuées de fanzines punks ayant laissé des traces indélébiles dans le dynamisme du milieu alternatif: Le Légume Du Jour, On A Faim, No Way Out, Caladeshnikov, PQ.
Nouvelle génération
D'après le dernier recensement de la Fanzinothèque de Poitiers, il y avait 80 fanzines punks enregistrés en 2002 en France, ce qui en fait la plus large catégorie dans le paysage fanzinesque français. Le fanzinat punk est aujourd'hui éclaté entre des titres restés fidèles à la forme des modèles originels (écrit à la main, mis en page au coupe-coupe: Démostaz, Blue Soundz), d'autres misant sur la quantité d'informations recueillies à la faveur d'un travail de carabin (Kangourou Zine), sur l'engagement politique (pas forcément anarchiste: Rotten Eggs Smell Terrible!, Guérilla Urbaine, Barricata) et enfin, plus surprenant, ceux qui ont une démarche proche de la presse professionnelle (Worst).
Récupération
Cette apparente contradiction traduit moins l'évolution du mouvement punk (25 ans d'âge) que sa récupération par une nouvelle génération qui n'en retient que quelques aspects, n'en a qu'une image biaisée du fait d'un inévitable processus de dilution dans le temps des ingrédients originels de cette culture. Mais, peut-être plus qu'ailleurs, le fanzinat punk est fidèle au format A5, bien pratique pour être glissé dans la poche: Dynamite, Devline's Coming, Vendetta, Arrière-Plan en sont quelques exemples.
Si le fanzinat se porte relativement bien, le webzinat n'est pas en reste non plus: par le biais des hyperliens, l'internationale punk est aussi à l'œuvre dans le cyberespace (parapet, punkinette, metalorgie, ToMyPunk,...). On est évidemment loin de la colle et des ciseaux.
Enfin, pour les anglophiles, signalons l'excellent Punk Planet, fanzine américain alliant musique et débats de société, proposant régulièrement des réflexions particulièrement intéressantes sur l'évolution de la société américaine de puis l'arrivée de W au pouvoir et les attentats du 11-9.
Comme disaient (à peu près) les Ramones: "ouvrez un tube de colle et faites des zines!"
Publié dans Kick Ass Magazine, n°3, janvier 2004
Publié dans Kick Ass Magazine, n°3, janvier 2004
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