L’image du paysage fanzinesque hexagonal peut-elle être saisie fidèlement à travers les recensements de l’Officiel ou de la Fanzinothèque ? Si l’on croise ces deux sources de données, les zines punks tiennent le haut du pavé, même si, il faut bien l’avouer, le punk est désormais une catégorie-poubelle où l’on y met un peu tout et n’importe quoi. Grands absents des recensements, les zines HxC sont pourtant loin d’être inexistants. Par culture d’un underground quasi intégriste, par rejet de cette inavouable adulation du rock business qui transparaît – car c’est le nerf de la « guerre » – dans tous les autres styles musicaux (punk compris), le zine HC se montre moins enclin à se faire ficher, se faire adouber par une quelconque institution, même philanthropique (la fanzino, par exemple). L’activité fanzinesque du HC est pourtant toujours importante : Burn Out #9, Black Lung #11, WeeWee #8, DimWit #2. Ce dernier ouvre avec une itw de Costa’s Cake House, des mecs qui se sentent concernés par l’environnement, c’est bien, c’est bien, il en faut aussi. Le chanteur d’Unholy Grave nous apprend que son batteur a un ordinateur et qu’Internet, c’est super, merci le Japon ! Heureusement le niveau se relève carrément avec Submerge et Abstraction qui témoignent de l’engagement dans la scène HxC : groupe, zine, label, distro. Quelques conseils de lectures inutiles et 20 kroniks zines pour finir. Fecal Forces Zeen #7 lui vient de Croatie et s’est fait raccourcir : il revient au format A5 que l’on aime tant. Ce n°7 est estampillé « Evil issue », succédant aux « Flesh » (#6 : SM bondage rock, sexe alternatif) et « Chaos » issues. Un label qui donne le ton puisque le zine s’ouvre par une lettre, assez sidérante ma foi, de deux révérends wogss californiens (église anarcho-gnostique thélémique éditant le zine Daemonolatria 696) revenant sur la publication récurrente dans FFZ d’écrits de Crowley ou des Neuf Commandements sataniques de Lavey. Turbulence fait le point sur l’occulture (la culture occulte populaire, c’est-à-dire sans gourous ou « sorciers autorisés »), sur l’état d’avancement des travaux de l’Association des Astronautes Autonomes (dont le projet, rappelons-le, est de construire une navette spatiale afin d’organiser des raves dans l’espace (les free-parteux ont intérêt à mettre de l’argent de côté dès maintenant) et de pratiquer le sexe en gravité zéro (Mickaël Youn en fait-il partie ?). Vous aurez même le droit à la réponse à la question « Do you think all Satanism sucks ? ». Ce zine est vraiment hallucinant et la recension des zines punk-HC croates est indispensable !
Vicomte de Neurasthénie, n°3, 2002, 1 €
N’éteignez pas vos bougies ! Le Vicomte de Neurasthénie, zine black metal, est de retour. Un billet d’une page « Chrétiens et métalleux » où un curé d’Orange, né en 68 et vicaire depuis 94, nous apprend que « non, les metalleux ne sont pas des idiots », « certains jouent même très bien de la guitare », « seuls quelques-uns sont des tueurs de prêtres (sic) », etc. Et en plus, une suite est prévue. Plus loin, en toute logique, 2 pages sur « Qu’est-ce que le satanisme ? » et puis, rassurez-vous, les habituelles pages consacrées à Atari. Ben quoi, On a le droit de tuer des prêtres, profaner des tombes et aimer Pacman, non ? 17 kroniks zines (BM en grande partie), compil CDR en option.
Les Litanies Infernales n°1
Un zine imprimé à 81 exemplaires et dédié à l’art extrême ; en réalité, la scène pagan black metal française (où l’on constate que les projets solos sont désormais légions). Ce zine est mort mais des copies tournent encore sur les distros.
Newsgrave n°5, 2002, $5
Pour en finir avec le sombre, Newsgrave, un zine gothic d’Hollywood qui reprend le flambeau abandonné par Propaganda (New York) puisque ce dernier est désormais majoritairement axé fétichisme (le sous-titre « Gothic chronicle » y est devenu « For women and men »). Fear Cult est en itw et en poster. Baby Fiend (la fille de Bela Lugosi) nous explique qu’en vertu des lois de l’Etat de Californie, Universal pourra fabriquer des GI-Joe à tête de vampire (celle de son père) sans lui reverser le moindre droit. Le vampire vampirisé en quelque sorte. Itw de Velvet Eden, représentants de la mouvance gothic queer (ou J-rock visualkei si vous préférez), qui a forcément splitté depuis (c’est la règle dans le J-rock). Une rubrique originale enfin : comment réussir vos photos lors de concerts gothiques (où l’art de ne pas utiliser le flash).
French Violation n°8, 2003, 4,5€
FV suit l’actualité des Depeche Mode : ce numéro est consacré à la sortie de Counterfeit² de Martin Gore. Comme tout bon FANzine qui se respecte, FV est complet (revue de presse française 2003), précis et pointilleux (chaque morceau joué live est analysé), et en plus superbement imprimé. La typologie des spectateurs du concert de la Cigale est un témoignage ethnologique remarquable, il vaut à lui seul le détour. Quelques infos sur la gravage et les protections anti-piratages (les fans, quand même !).
Alternative Magazine n°2, février 2003
C’est marrant mais je n’avais jusqu’ici jamais imaginé qu’en Turquie puisse exister une scène alternative vraiment active. L’influence de clichés désuets (un pays qui serait dirigé par des tortionnaires) entretenus par le mensonge permanent de nos chers médias (dès fois qu’ils s’aviseraient de demander leur entrée dans l’UE..). Syndrome post-Midnight Express, peut-être aussi. Alternative Magazine #2 sorti début 2003 prouve le contraire (le 3 a paru sous forme de newsletter en fin d’année) : la tendance lourde est grind, mais avec quelques penchants death et gothics marqués (The Gathering en itw) ; des contributions de zineurs roumains (la scène black metal) et brésiliens permettent de remplir plus de 40 pages A4. Malheureusement, on n’y apprend pas grand chose sur la scène locale : itw de Courtyard et kroniks de 5 zines turcs. Par contre, les rédacteurs sont bien affûtés sur la scène tchèque (la géographie, quand même !). Et apparemment férus de météo : toutes les itws commencent par une question sur le temps qu’il fait chez vous…
GBH+support versus Charged GBH
Je vous parlais brièvement de la tournée GBH+support dans QS4. Peu de temps après, je reçus un mail tout autant laconique qu’agressif de Colin Abrahall : « DON'T USE OUR FUCKING LOGO THEN ! IT WILL CONFUSE PEOPLE AND THEY'LL THINK WE'RE PLAYING ». Rebecca du site Punk&Oi in the UK ayant cafté la veille ; j’imagine très bien la scène : « Hey, copain Colin, il y a des Frenchies qui ont piqué le logo de ton groupe, c’est mal, non ? hein copain, Colin, tu te souviens de moi, c’est Rebec ! ». Les Charged GBH se mettent à faire dans le copyright, maintenant ? Le détournement devient interdit ? Et pourquoi pas “Law is the law” tant qu’on y est? Ce à quoi j’ai répondu, un peu moins laconique : « Hi Man ! I would be pleased if you don't use the name of Colin Abrahall. It's unfair to spoil the memory of this old fucking bastard, now sucking Sid Vicious in hell, as Wattie Buchan told me last summer. GBH died few decades ago and I don't believe in the existence of cyberghosts. So, let me tell you that we're not a playing band but a fucking talking band made of hardly rotten academics. We will talk about this lovely and stinking hoax called punk music: from fanzines to major companies surrenders. From torn wears to fashion movement. "GBH+support" conferences are totally free and we're doing that only for fun: "Do what you do (but know why you're doing it). Do what you do for fun", can't remember who tell me that? So it can rain punks and dogs on us, we're ready for that and waiting for them with pieces of broken bottle (as it has always been, isn't it ?) Well, GBH is Guibert, Bonniol and Hein, do you think their parents must change their names ? Fell free to come and play for nothing else than fun and fuck... Take care, and stop thinking you're Colin, that's a bad joke ! ». Depuis je n’ai plus eu de nouvelles : les vieux punks auraient-ils perdu de leur verve d’antan ? Ou bien est-il déjà en train de contacter son avocat ?
Underground investigation n°43, 4€
Un très bon zine metal qui a fêté ses dix ans d’activisme. Une infographie claire comme du Stradivarius. Les zines sont classés selon leur contenus en « femmes à poils » (ce « s » terminal m’interpelle : est-il volontaire ? S’agit-il un recensement de la nudité féminine, ou d’un classement quantitatif de leur pilosité dans la pure tradition metal old school ? Qu’importe, car l’on se rend compte que le metal n’est plus ce qu’il était, puisque c’est un zéro pointé pour tous. 27 itw dans ce n°, dans un spectre très large, même si le heavy domine (Falkirk, Breakpoint, MZ, Killers, Overstep, etc.).
Artefact n°28, janvier 2004, gratuit
Un freezine metal qui commence à être incontournable. Une seule itw (Inhume), 63 kroniks et un compte-rendu de concert comparatif Iron Maiden/Metallica plutôt bien foutu : l’analyse (empirique) du publis présent montre que M a perdu une partie de ses fidèles au profit de la nouvelle génération élevée au néo-US, alors que IM draine principalement des vieux hardos (les true metalleux s’y faisaient rares, parait-il).
Metal Integral n°23, septembre 2002, 2€
« MI le fanzine qui donne envie de headbanger » fête ses 4 ans et son 23e numéro. Chapeau bas ! La troisième partie de « La légende Metallica (année 1983) », un éclaircissement sur les définitions du Porg (clair à guttural), suivi de 8 kroniks zines.
Walked In Line n°22, décembre 2003, 4,5€
WIL vient d’ouvrir une boutique à Beauvais, le Rockstore. Cela pouvait expliquer le retard et le faible nombre de pages (24) de ce numéro. La réalité est tout autre : cette satané confiance aveugle que l’on fait à l’informatique n’en finit pas de jouer des mauvais tours. WIL23 v1.0 a disparu dans un crissement de silicium, l’enquête sur les webzines perdue corps et âmes, pas mal d’itw aussi… on saluera alors le courage de Chris et Laetitia qui ont tout repris à zéro pour nous livrer ce n° en moins de 3 semaines. On y apprend que Gogol Ier est devenu un cyber-warrior, que par sa mobilisation il a aidé à libérer José Bové (ah, c’est lui !). Gogol ouvre évidemment le CD 27 titres.
Punk Planet n°55, mai 2003, $5
Pour finir, jetez-vous sur PP55 qui consacre un dossier aux zines (« la revanche de l’imprimé ») et montre qu’aujourd’hui l’édition n’a jamais été aussi accessible aux décapitalisés (les pauvres, quoi). L’édition DIY gagne du terrain, c’est tout de mêm l’un des avantages de l’informatique. Un court article sur l’histoire des zinothèques (il y en aurait 32 dans le monde). 35 kroniks zines.
Quality Street ne contient pas de sang de chauve-souris.
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